Voyage au cœur de la mythologie en Grèce
Elle nous a baignés de mythologie puis enseigné la démocratie. Voyager en Grèce c’est remonter aux sources de notre civilisation et c’est toujours un enchantement.
Les essentiels :
● Le Parthénon ou le chiffre d’or
● Le nouveau musée de l’Acropole
● Le stade des premiers J.O.
● Les Cyclades forcément à la voile
● Delphes le nombril du monde
● Epidaure, le théâtre antique par excellence
● Le sanctuaire d’Olympie
● Sparte et les envahisseurs
● les météores suspendues dans le ciel
● les îles ioniennes avec Corfou
● Santorin et sa caldera
● …
Je me souviens de l’arrivée sur Santorin à la voile au terme d’une navigation de nuit. Nous sommes perclus de fatigue mais nous savons que nous allons vivre une expérience hors du commun. Il fait encore frais et une douce brise marine nous enveloppe. C’est que nous redoutons certaines heures de l’après-midi pour la chaleur. Impatients nous attendons le lever du jour armés de nos jumelles. Bientôt se dessinent autour de nous des falaises gigantesques, vertigineuses. Puis des points lumineux s’éclairent à flanc de colline. Peu à peu la lumière se fait et le blanc immaculé de la chaux éclate. Le bleu cobalt des dômes est impeccable, il est pareil au bleu du ciel qui se reflète dans l’océan. Une envolée de marches nous sépare depuis le niveau de la mer jusqu'à la crête. Les gravir de bon matin est déjà un effort mais il est vite récompensé; un plan panoramique s’offre à nous sur la Mer Egée. Nous sommes perchés dans le ciel comme si nous côtoyions les dieux. A la terrasse d’un bar local nous sirotons un café serré et nous dessinons avec nos mains les contours de la caldera. Le spectacle est grandiose, époustouflant, il se grave dans ma mémoire.
Un outremonde où les monastères sont suspendus au ciel
Si votre fils s’endort comme le mien sous un ciel étoilé, il saura vous dire qu’un météore, c’est un phénomène lumineux comparable à une étoile filante. En l'occurrence il se produit lors de la chute dans l’atmosphère d’un corps solide venant de l’espace… Rien de surprenant alors à ce que les habitants de Thessalie, une région au nord d'Athènes, aient employé le terme de meteora pour désigner ces sentinelles de pierre. Pas plus qu’ils n’aient adhéré à la légende selon laquelle ces roches auraient été envoyées sur terre pour que les ascètes puissent se retirer et prier.
D’après les géographes l’apparition de ces pitons rocheux qui culminent à 600 m de haut remonterait à 20 millions d’années. Si on écoute les historiens, les habitants se seraient réfugiés dans les anfractuosités lors des invasions celtique et ottomane. Par la suite, des moines orthodoxes auraient bâti des lieux de prière à leurs sommets. A l’aide de nacelles reliées à des poulies, ils ont acheminé hommes et marchandises; les escaliers n’ont été aménagés qu’en 1920! Pendant la Seconde Guerre Mondiale les monastères ont été occupés par les Allemands et les moines ont opposé une fière résistance à l’ennemi.
Jusqu’à aujourd’hui les lieux n’ont pas perdu leur âme sans parler des fresques et des icônes byzantines réalisées à l’or fin. Fort heureusement les monastères toujours en activité font l’objet d’une inscription au Patrimoine de l’UNESCO et sont à ce titre protégés. Parmi les 24 monastères existants 6 seulement peuvent être visités. Répartis sur une boucle longue de 17 km au-dessus du village de Kalamanka, ils vous épateront. S’ils accueillent principalement les estivants, je vous recommande pour ma part de les voir en hiver dans le silence de la neige. Leur spiritualité s’en trouve alors rehaussée.
Prenons de la hauteur au Grand Météore autrement appelé monastère de la transfiguration. Le monastère a été construit sur une plate-forme à 600 m du sol et offre par conséquent une vue ver-ti-gi-neuse! Fondé en 1356 par saint Athanase , il fut remanié et agrandi par saint Joseph. Il connut ses plus beaux jours pendant le 16 ème siècle lorsque Théophane le Crétois y réalisa d’incroyables fresques. Venu du mont Athos, ce peintre orna les parois de nombreux monastères. Il excella dans l’art dit post-byzantin. Par ailleurs, le météore abrite des manuscrits datant de la même période et provenant de donations impériales.
Agios Nikolaos. Certes la marche d’approche s’effectue dans un relief escarpé mais en sous-bois! Vous vous souviendrez de ce météore à plusieurs titres. D’une part, il s’étend sur 3 niveaux, le tout étant coiffé d’un clocher. D’autre part Théophane apposa son monogramme en bas de ses fresques ce qui est rare. Enfin, au tournant du 20ème siècle, il ne comptait plus que 5 moines et il fut bombardé en 1941. Bien évidemment les fresques ont été magnifiquement restaurées par la suite.
NB: l'œuvre de Théophane est reconnaissable à ses couleurs bigarrées qui leur confèrent une grande vivacité.
Agias Triada ou la Trinité. Sans même le savoir, vous avez aperçu les 140 marches que les pèlerins empruntent pour se hisser jusqu’à ce monastère. En effet, elles apparaissent dans le James Bond de 1981” Rien que pour vos yeux” avec Roger Moore. C’est au moyen d’un téléphérique que les moines, quant à eux, gagnent le couvent aujourd'hui. Si le monastère jouit d’une aura toute particulière, cela tient au fait qu’il est le plus ancien de tous. Les historiens penchent pour le 14ème siècle. Malheureusement, bien que son trésor semblait à l’abri dans une niche de sa chapelle, il a été dérobé par les Nazis.
Non loin se trouve Agia Stefanos ou le monastère saint Etienne qualifié de “couvent royal”. Une fois n’est pas coutume, c’est un pont moderne qui vous permettra de rejoindre le météore. Il faut savoir qu’autrefois à sa place se trouvait un ouvrage mobile… En outre vous serez surpris d’apprendre qu’il s’agit d’un monastère de femmes. Ceux qui se passionnent pour les icônes pourront visiter l’atelier sur place. Enfin, ce katholikon* recèle les reliques d’un saint qu’on exhibe lors des processions, mais lesquelles... Vous vous extasiez devant l’iconostase*, un foisonnement de fleurs, animaux et végétaux. On la fait remonter à 1814 et elle a demandé 14 ans de travail à ses artisans.
Roussanou. A présent je vous emmène au monastère de sainte Barbara qui comporte une particularité: ici vivaient les stylites, des ermites du début du christianisme qui plaçaient leur cellule de prière en haut d’une colonne. Ainsi ils se rapprochaient le plus possible de Dieu pour le prier. Vous objectez à raison qu’ils ne pouvaient pas dormir ainsi perchés; c’est qu’ils priaient en permanence! Ce sont deux Frères Joseph et Maxime qui sont à l’origine de la création de ce météore et une religieuse le remet en état grâce aux donations des Grecs vivant aux Etats-Unis...
Varlaam. Si vous voulez élever votre âme, il vous faudra grimper 197 marches et vous visiterez le deuxième plus grand monastère de cette région. Depuis 1961 il accueille à nouveau des moines. Que dire de ce lieu nommé après le saint Varlaam? Deux frères choisirent d'observer l’ascèse et ils furent bientôt rejoints par leur famille dans cette entreprise. En plus du petit musée dans ce qui fut jadis les cuisines,intéressez-vous au monte-charge datant de 1536! Pour terminer vous serez étonné d’apprendre que la barrique située dans le cellier contient 13000 litres!
iconostase: cloison de bois ou de pierre dans les églises de rite byzantin
katholikon: principal bâtiment d’un monastère de l'Église orthodoxe